Girl Talk Afrique Francophone poursuit son voyage dans la sous-région. Nos valises sont désormais posées au Burkina-Faso où nous avons eu une première rencontre virtuelle avec des féministes indépendantes et représentantes d’organisations.
Cette rencontre a été facilitée par le mouvement citoyen Femin-in et a connu la présence d’autres organisations.
Qui envisage de partir loin se doit de ménager sa monture. C’est pourquoi nous avons voulu écouter de la bouche des féministes burkinabé les réalités sur le mouvement et leur militantisme dans leur pays.
Au Burkina comme dans tous les pays, le mouvement féministe poursuit plusieurs objectifs.
Leur réalisations est vitale pour la concrétisation d’un monde juste et égalitaire pour les filles du Burkina.
Les enjeux du féminisme au Burkina
Chaque communauté en fonction de sa réalité et de ses besoins définit ce qui lui semble prioritaire.
Pas que cela soit sans appel ou exhaustifs , les féministes avec qui nous avons conversé ont identifié des enjeux qui pour elles sont urgents.
Entre autres nous avons :
- Changer la perception de la population et surtout des femmes sur le féminisme
- Lutter pour mettre fin aux inégalités de sexe
- Mettre fin aux violences sexuelles que subissent les femmes au Burkina-Faso
- Lutter pour éradiquer les stéréotypes sexistes et sexuelles à l’endroit des femmes
- Travailler à l’inclusion des femmes de la communauté LGBTQ+
- Travailler à obtenir des lois et contextes qui protègent les victimes d’abus sexuels
- Avoir un contexte qui préserve et garantit la prise en charge des femmes migrantes.
- Faire du Burkina-Faso un champion réel dans le respect des droits sexuel et reproductifs
- L’autonomisation complète des filles et femmes burkinabè
- Travailler à l’inclusion et à la participation politique des femmes
- Lutter pour garantir la justice sociale aux femmes du Burkina-Faso
Ces enjeux s’accompagnent de défis. Défis qu’elles s’attellent à relever au quotidien en s’organisant à leur manière.
Quelques défis du mouvement féministe au Burkina-Faso
Ils ne sont pas des moindres et constituent un réel obstacle à l’émergence du mouvement féministe au Burkina-Faso.
Les participantes à la conversation ont relevés pour nous quelques uns d’entre eux à savoir:
- La culture du silence qui entoure les abus et injustices subies par les femmes
- Les mentalités rétrogrades de la société qui objectivent et assujettissent les femmes
- L’insuffisance de financement pour les jeunes organisations, mouvements
- L’inexistence de fond de soutien aux militantes indépendantes et à la création de mouvement autonome
- Le poids de la religion dans l’assujetissement de la femme
- La monté du terrorisme
- La non application effective des lois qui régissent les droits des femmes au Burkina
- La précarité de la population et majoritairement des femmes.
Ces défis ressortent pour la plupart du domaine social. Mis à part l’aspect financier, l’obstacle le plus grand à la réalisations des ambitions du mouvement féministe est sociale. Un travail de déconstruction semble donc urgent pour parvenir à un Burkina-Faso viable et sécurisant pour les femmes.
La déconstruction passe par l’éducation, d’où la nécessité de programmes véhiculant d’autres narratifs que ceux auxquels nous sommes habitués.
Girl Talk se veut être un programme qui révolutionne la pensée des femmes en leur donnant le pouvoir de décider et de construire d’elles même un monde plus juste pour elles.
Les espaces Girl Talk au Burkina-Faso
Les participantes présentes pour la plupart dirigent des espaces semblables au nôtre mais notent quand même un besoin croissant de ces espaces.
La monté du terrorisme est un défis supplémentaire au mouvement féministe du Burkina. Le taux de déplacés internes ne cesse de s’accroître et les déplacés sont constitués en grand nombre de femmes.
Que ce soit au mains des terroristes ou dans les camps de déplacés ou sites temporaires, elles sont soumises à de nombreuses violences notamment sexuelles. Et pour la plupart, elles ne disposent pas d’informations sur les questions relatives à la santé sexuelle et reproductive et à leur droit. C’est sans oublier que majoritairement, elles sont laissées à leur compte pour ces questions.
Elles ne sont pas les seules car malgré les efforts des organisations et mouvements, beaucoup de jeunes filles burkinabè ignorent leurs droits notamment ceux sexuels et reproductifs.
Il est donc urgent qu’il y ait des espaces comme Girl Talk où elles sont écoutés, apprennent, déconstruisent les fausses normes et construisent ensemble des communautés plus saines pour elles.
Nous avons hâte de nous engager aux côtés de nos sœurs Burkinabè pour poursuivre la lutte commune : travailler à la construction de communautés de femmes fortes et libres.