Au prime abord, il serait facile de penser qu’il n’existe pas une communauté LBTQ+ au Bénin. Le béninois lambda, à cette question vous dira qu’il ne croit pas que de telles personnes existent dans le pays ou il répondra que c’est un effet de mode.
Pourtant les minorités sexuelles sont bel et bien présentes au Bénin et vivent des violences qui leurs sont propres. C’est dans le but de non seulement en apprendre plus sur la communauté mais d’établir également le lien entre la perception sociale des LBTQ+ au Bénin et les violences qu’ils subissent que s’est ténue le 22 Octobre 2022 une discussion au siège de l’Association des Femmes Pour une Relève Orientée.
Cette association créée en 2013 et enregistrée depuis 2016 comprend et défend les Lesbiennes, Bisexuelles, Transgenres et Queer (LBTQ) et Travailleuses de Sexe (TS) vivant au Bénin. Cette discussion nous as permis de mettre en lumière le vécu de ces personnes dans une société hostile.
LBTQ+ au Bénin : des expériences diversifiées mais ressemblantes
Vivre dans un pays qui ne reconnaît ni votre existence ni vos droits est une expérience compliquée.
Une personne qui réalise qu’elle fait partie d’une minorité sexuelle vit avec une certaine remise en question. Un conflit interne nourri par la peur de la société s’installe chez la plupart. La religion, la coutume ou tout simplement
l’opinion des autres favorise le repli, le silence et crée un sentiment de peur et même parfois de haine de soi.
La peur d’être rejeté ou d’être abandonné par le groupe social les maintient dans le silence « Je ne peux pas parler de mon orientation sexuelle parce que je risque de me faire excommuniée et je ne veux pas cela.
LBTQ+ au Bénin : une grande variété de violences
Les violences subies par les minorités sexuelles au Bénin sont très variées. En premier lieu, elles peuvent être rejetées ou diabolisées par le reste de la population : « Quand les gens s’en rendent compte, certains prennent leurs distances. ».
En second lieu, les femmes lesbiennes et bisexuelles sont hypersexualisées. Le fantasme de la femme avec une autre femme alimentée par la pornographie peuple les imaginaires et il arrive qu’elles soient harcelées sexuellement. Les gens oublient que ce sont des personnes humaines qui ressentent et vivent autant d’émotions et de sentiments que les autres.
En outre, les membres des minorités sexuelles sont souvent victimes d’injures et d’autres formes de violences verbales.
S’il est vrai que les femmes de cette communauté subissent en majorité des violences verbales, il arrive qu’elles soient les cibles de violences physiques : « Une amie a été attachée dehors toute une nuit et battue par sa famille parce qu’elle est lesbienne. »
Heureusement, il est possible dans le cas de ces violences physiques de demander justice. Toutefois, les discriminations basées sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre peuvent être passées sous silence en raison de la non reconnaissance de l’existence de ces communautés au Bénin.
Pour finir, ces personnes peuvent être sujettes à des formes de thérapie de conversion (exorcismes, prières etc…).
Toutes ces violences ont un lien direct avec la perception de la société qui fait peu ou pas d’effort pour comprendre ces minorités.
LBTQ+ au Bénin : la communauté pour une guérison des blessures et une meilleure acceptation de soi
L’existence d’associations telles que AFRO BENIN permet aux personnes LBTQ+ d’avoir des espaces sains pour guérir de leurs traumatismes, partager leurs expériences et ainsi sortir de la solitude : « Les ateliers d’estime de soi de confiance en soi et de droits humains qu’on fait à Afro Bénin m’a permis de m’accepter peu importe le regard de la société ».
Ces espaces permettent aux minorités sexuelles de construire des rapports plus sains avec elles-mêmes et de pouvoir imposer le respect qui leur est due : « On ne peut pas imposer notre orientation sexuelle aux gens. Ils ont le droit de ne pas adhérer à ce que nous sommes et à nos vies mais par contre, ils nous doivent du respect. »
Toutefois, un énorme travaille reste à faire dans le changement de la perception de la société. Mettre en lumière les expériences des personnes LBTQ+ est peut être une action minime mais sur le long terme, elle peut avoir un impact favorable considérable.