L’organisation des jeunes filles et femmes « Ma Voisine » a organisé en collaboration avec Choose Yourself, le samedi 24 septembre 2022, de 10h00’ à 12h30’, à la Maison de la Jeune fille située dans la commune de Ngaliema en République Démocratique du Congo, une girl talk axée sur le thème : agir pour prévenir les violences sexuelles en milieu familiale.
En effet, cette activité se voulait un cadre de sensibilisation consistant à éveiller les jeunes filles sur les risques et conséquences des viols en milieu familial, conscientiser les jeunes filles sur les comportements plus adaptés face à la violence sexuelle en famille et promouvoir la prévention des viols des filles dans leurs familles respectives.
Ceci est une réponse active de l’engagement à promouvoir le développement de la jeune fille congolaise qui fait souvent face à la recrudescence des viols dans les milieux familiaux en vue de les aidées à adopter des attitudes positives qui préviennent les tentatives des viols et celles qui réconfortent les victimes.
Risques et conséquences des viols en milieu familial.
A ce sujet animé par Madame Davina Lombume (Directrice Exécutive Adjointe de Ma Voisine), les jeunes filles participantes ont échangé sur les notions fondamentales des violences basées sur le genre et on mise en évidence les risques et conséquences psychologiques (une grande souffrance psychologique (en lien avec la mémoire traumatique) et physique avec un sentiment de mal être, un sentiment de peur, de danger permanent, une insécurité forte (peur, angoisse, panique, phobie) avec une hypervigilance et un besoin de contrôle ; des comportements addictifs et compulsifs ; des conduites à risque ; une difficulté à être en lien avec les autres ; des relations sexuelles troublées (abstinentes ou à outrance) ; une relation au corps difficile ; des troubles somatiques et en particulier dépressifs, etc.), sociales et économiques de ces viols dont la prise en charge holistique s’avère indispensable d’une part et d’autre part, la nécessité que la justice et la réparation soient faites, mais qui malheureusement ne sont évidentes d’autant plus que les familles préfèrent laissées impunies sous prétexte sauvegarder leur honneur.
Cependant, les jeunes filles ont souligné le fait que le silence des victimes apparaît plus fréquent en cas de violences sexuelles incestueuses que de violences physiques ou psychologiques, et lorsque les victimes en parlent, elles le font de manière tardive et sans grand soutien familial allant dans le sens de chercher que soit justice et réparation soient faites.
Par ailleurs, les jeunes filles participantes mettent en évidence le poids du genre dans ces violences sexuelles incestueuses dont beaucoup plus souvent les filles sont victimes que des garçons, et les auteurs sont majoritairement des hommes âgés des liens de parenté tel que : père, oncle, cousin, frère, beau-père, demi-frère, ami proche à un membre de la famille, etc.
En outre, les expériences explicitées par les jeunes filles au cours de ce girl talk montre à suffisance que les filles sont généralement victime des violences sexuelles incestueuses (viols, tentatives de viol, agressions sexuelles) avant l’âge de 18 ans et cela de manière répétée. Cependant, la surexposition des filles aux violences sexuelles dans l’enfance et l’adolescence et la désignation massive d’hommes parmi les auteurs montrent que les violences sexuelles sont une manifestation des rapports de domination de genre et une manière de les renforcer. Ils se doublent de rapports de domination d’âge, des auteurs qui semblent le plus souvent majeurs soumettant des victimes mineures. Pour ce faire, ils profitent en général du jeune âge de la victime ou encore de sa confiance favorisée par les liens familiaux.
En outre, les jeunes filles participantes à cette girl talk ont mis en exergue au cours des échanges, la répétition des violences et leur perpétuation dans le temps suite à la proximité de l’enfant ou adolescente avec l’auteur, vivant sous le même toit, visitant la famille, recevant l’enfant chez lui.
Comportements adaptés face aux violences sexuelles en famille
Animé par Monsieur Nera Chanera Kanyinda (Psychologue social et défenseur des droits e l’homme), cette partie de la girl talk avait porté sur les comportements adaptés que devrait observer les jeunes filles pour non seulement soutenir les victimes, amis aussi prévenir les viols incestueux.
Les jeunes filles ont explicitées le fait que soit la victime ne dénonce pas, soit les familles ne saisissent pas la justice et contrainte au silence, mais pire encore ce que la victime côtoie au quotidien son agresseur dans le milieu familial ou soit il y a dislocation familiale.
A cet effet, il a été mis en évidence la nécessité pour les filles victimes de surmonter cette dure épreuve et en faire leur force de vie, de développement personnel et de participation active au développement de nos communautés.
Ensuite, les jeunes filles ont aussi explicitée la nécessité pour chacune des jeunes filles d’être les ambassadrices de la lutte contre les violences sexuelles en milieu familial, encore que ces jeunes filles sont appelées demain à être parent, mère de famille. Il s’agit notamment de favoriser le dialogue avec les parents, l’éducation sexuelle saine, dialoguer et s’entretenir avec les enfants sur leurs préoccupations, exhorter quotidiennement les enfants filles comme garçon sur les frontières corporelles personnelles et les attitudes positives, les relations saines et égalitaires, etc.
Enfin, il a été mise en exergue la nécessité de développer une relation de confiance élevée entre père et enfant ainsi mère et enfant, ceci dans l’optique de permettre à l’enfant de se confier sans gêne à ses deux parents ou de développer la sécurité. Dans cette situation, il sera très facile pour l’enfant de confier à l’un des parents les harcèlements ou les viols incestueux d’une part et d’autre part, il contribuera significativement à la lutte aux stéréotypes sexuels et sexistes.
Ainsi, les jeunes filles ont convenu des recommandations, notamment : la mobilisation des familles sur la lutte contre les violences incestueuses et le plaidoyer pour que soit légiférer l’éducation sexuelle saine en fonction d’un programme continue que devra suivre l’enfant dès l’âge de 7 ans jusqu’à 18 ans au moins à l’école, à l’église et dans les milieux d’encadrement des enfants et des jeux.