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Girl Talk Burkina Faso : De La Libération De La Parole À La Justice

Après notre lancement, c’est avec impatience que le prochain Girl Talk Burkina était attendu. Comme d’habitude ce fut un moment d’écoute, de partage et de soutien. Notre discussion a porté sur la thématique « Les violences sexuelle sur les filles-femmes et les procédures judiciaires au Burkina Faso ».

Lors de cette session nous avons projeté un épisode de 13 minutes de la mini-série sénégalaise : C’est la Vie. L’épisode portait sur plusieurs types de violences sexuelles que peuvent subir les filles en milieu scolaire ou en apprentissage.

Nos participantes qui sont des adolescentes en apprentissage se sont retrouvées dans la série.
Au départ, elles étaient assez timides mais elles ont fini par prendre confiance et nous ont partagé des expériences douloureuses de violences sexuelles, d’agression sexuelles et d’autres violences toutes barbares les unes que les autres.

L’un des faits marquants qu’il est nécessaire de ressortir de ces échanges est que la plupart des violences ne venaient pas d’inconnues mais de personnes connues. Un ami, un parent, un ami de la famille ou une connaissance d’autres ami(e)s.

Les bourreaux usent de nombreuses tactiques pour appâter leurs victimes. Certains usent de force physique, d’autres de machinations. Certains vont jusqu’à proposer de fortes sommes d’argent devant le refus des jeunes filles.

Parmi elles, beaucoup ont eu des expériences redondantes de tentatives de viol, d’agression sexuelle au point d’en arriver à normaliser ces douloureuses expériences. Pour elles, ces expériences sont inhérentes à leur condition de filles-femmes. Elles les ont normalisés car elles ont souvent été exposées à cela mais ont également vu beaucoup d’autres filles et femmes de leurs entourages sujettes à ces violences.

Les témoignages ont été assez douloureux à encaisser.

« L’ami de mon oncle m’a invité à sortir et lorsqu’il devait me déposer à la maison, il m’a dit qu’il allait plutôt m’amener chez lui pour qu’on termine la soirée. Et que si j’acceptais il allait me donner 300000 fr. Chose que j’ai catégoriquement refusé. A la suite de mon refus il a fait sortir une arme à feu en me menaçant des répercussions si je continue à refuser sa proposition. Il a dit qu’il allait me tuer. Il a sorti des propos rabaissant à mon égard. Selon lui je n’avais aucun droit de lui dire non surtout parce que je vends du maïs chaque vacance pour avoir un peu d’argent et lui il me propose une grande somme et je refuse. Face à cela j’ai eu extrêmement peur et je me suis murée dans le silence le long du trajet. Arrivé chez lui, il est sorti du véhicule pour ouvrir la porte de sa maison et c’est là qu’ayant remarqué un groupe de jeune qui était assis dans un QG à côté de sa maison, je suis sortie en trombe du véhicule. J’ai couru et je me suis réfugiée auprès d’eux. Malgré cela il est venu vers eux et m’a ordonné de le suivre si je ne veux pas qu’il me tue. Dieu faisant grâce il y avait un vieux parmi les jeunes qui a discuté avec lui et il a accepté de me laisser là-bas et partir. Et le vieux a demandé à son fils de me déposer chez moi. »

Une autre nous a partagé l’histoire de son amie violée, tombée enceinte et renvoyée de la maison. Livrée à elle-même, elle a été finalement recueillie par une dame mais sa condition de vie est très précaire.

Nous avons eu d’autres témoignages et dans la plupart des cas, elles n’ont pas pu partager ces expériences ailleurs et surtout pas à la maison par peur de ne pas être cru ou de subir un rejet.

L’autre constat majeur en dehors du fait qu’elles n’avaient pas d’espaces de soutien pour partager ces histoires, est qu’elles ne connaissent pas les voies et recours pour obtenir justice ou tout au moins se plaindre.

Des numéros d’urgence à contacter en cas de besoin leur ont été communiqués ainsi que des adresses d’organisation vers qui elles peuvent se tourner dans ces cas.

Il est tout de même déplorable que des adolescentes de moins de 20 ans aient des vécus aussi douloureux mais que leurs bourreaux et ceux d’autres de millions d’autres jeunes filles puissent continuer à sévir en toute impunité.

Nous devons créer à la maison et dans nos communautés des systèmes de soutien, de confiance, renforcer les sensibilisations et plaider pour des institutions juridiques fortes qui ne lésinent pas sur la répression des auteurs de violences sexuelles. Il faut également penser à des mécanismes d’accompagnement et de guérison des victimes au niveau communautaire et national.

Bien que ce fut un moment douloureux, nous sommes heureuses d’avoir pu avoir cet espace car cela a permis à ces jeunes filles de s’ouvrir dans un environnement sans jugement et bienveillant.

OUEDRAOGO Monika
Coordinatrice Girl Talk Burkina Faso
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