Le Samedi 29 Avril, nous sommes allés à la rencontre de jeunes filles intègres. Si vous avez lu nos derniers articles de blog, vous comprendrez donc que nous étions au Burkina Faso, le pays des hommes et femmes intègres.
Nous ne nous sommes pas contentés d’apprécier la diversité culturelle, le soleil et les multiples vélos qui pullulent les rues de Ouagadougou et qui font son charme.
Aidé par notre partenaire sur place, l’Initiative Pananetugri pour le Bien être des Femmes(IPBF) qui a eu un rôle majeur dans l’organisation, nous avons tenu notre premier Girl Talk Burkina Faso.
De nombreuses jeunes filles étaient présentes à nos côtés
Nos participantes étaient essentiellement des élèves en couture du centre Les vertus de la solidarité porté par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale(CNSS) du Burkina Faso. Quelques bénévoles de l’IPBF nous ont également honorés de leur présence.
Chaque fois que nous nous retrouvons en communauté avec des filles, nous avons assez de sujets passionnants sur lesquels débattre. C’était le cas ce Samedi, mais nous nous sommes efforcés de nous concentrer sur le but de la rencontre : les droits sexuels et reproductifs des jeunes filles au Burkina Faso.
Nevertheless, we took a few minutes to talk about feminism and the problems encountered by Burkinabè girls and women in general.
Que retenir de nos échanges ?
Comme on s’y attendait, seuls les pays et l’environnement changent.
Allant des violences conjugales, la marginalisation des filles à l’inexistence des lois garantissant la protection des filles et femmes dans des sociétés hostiles à leur épanouissement, les problèmes des filles et femmes restent les mêmes. Lisez ici notre précédent article sur le Burkina Faso.
En ce qui concerne les droits sexuels et reproductifs nous avons eu une discussion enrichissante avec des partages d’histoires tristes, bouleversantes et touchantes.
One of the things that struck me was that when I used the acronym DSSR (Sexual and Reproductive Health Law), I read amazement on most people’s faces.
Alors avec l’aide des bénévoles de l’IPBF, nous avons essayé d’utiliser des termes courants comme : les besoins, les bases indispensables qui doivent être garanties, les soins pour que les humains et dans notre contexte, les filles aient une bonne santé sexuelle ; le fait que la procréation et la reproduction constituent un choix et doivent être bien gérées sans impact désastreux sur la vie des filles et femmes, etc.
Après les explications, les participantes ont partagé avec nous quelques problèmes qu’elles et d’autres filles et femmes rencontrent à cet effet.
Les barrières à la jouissance des droits sexuels et reproductifs des filles au Burkina-Faso
Nous avons dénombrés plusieurs problèmes qui directement ou indirectement vont à l’encontre des droits sexuels et reproductifs des femmes
- Les mariages forcés
- Les mutilations génitales féminines, spécifiquement, l’excision
- Climat familial hostile aux discussions sur la sexualité
- Les préjugés sur les menstrues et l’absence de cadre garantissant les soins nécessaires et vitales aux filles quand elles ont leurs menstrues
- Les agressions sexuelles
- Les grossesses précoces et non désirées
- Le manque d’information sur la sexualité et les maladies inhérentes à une mauvaise hygiène sexuelle
Dans la plupart des discussions dans les communautés, ces problèmes reviennent. Et malgré le fait qu’il existe sur le terrain, plusieurs organisations et programmes qui font le nécessaire pour y pallier, ils restent persistants.
Nous avons eu une discussion approfondie avec les participantes pour comprendre l’étendue de ces problèmes.
Elles ont partagés avec nous des cas d’excision, des histoires sur leurs premières règles, la gestion des menstrues et leurs besoins.
Quelques témoignages
‘’ Lors d’une séance avec des femmes excisées, une nous a dit y avoir été contrainte car elle n’arrivait pas à avoir des enfants après son mariage. Lors d’un conseil familial, on lui a dit que le fait de ne pas avoir été excisée en est la cause. Elle s’est donc faite exciser.’’
‘’ Une femme a été renvoyée par son mari lors de leur nuit nuptiale parce qu’elle n’était pas excisée. Selon le mari, il ne peut avoir une femme non excisée. ‘’
‘’ J’ai été choqué de voir un professeur défenseur des droits des femmes, faire exciser son bébé.’’
‘’ Des hommes continuent d’exiger des femmes qu’elles soient excisées car une femme non excisée serait trop libre sexuellement. ‘’
‘’ Quand j’ai eu mes premières règles, j’ai eu peur et je m’en suis occupée toute seule. Je n’ai rien dit à ma mère.’’
‘’ A l’apparition de mes premières règles, ma mère m’a juste dit que j’étais désormais une grande fille et que si je touchais les garçons, j’allais tomber enceinte. ‘’
‘’ Une amie a envoyé son frère demander pour elle l’argent des couches hygiéniques à leur père. Ce dernier a répondu, qu’elle n’avait qu’à utiliser les sachets comme protection.’’
‘’ Parfois, il est difficile de rassembler 700 francs CFA pour acheter une couche hygiénique et il y a la honte de demander de l’argent à nos parents. Alors, nous cotisons tout au long du mois pour nous en procurer. Si on y arrive pas, on utilise, des coupons de tissus.’’
Notre conclusion après ces échanges
Ces histoires sont révélatrices d’un problème très profond et nous sommes reconnaissantes que dans les communautés les filles prennent conscience que ce n’est pas juste et que ça doit changer.
Nous avons discuté de long en large des problèmes, des besoins des participantes et nous avons terminé la discussion par l’importance ou non des espaces comme Girl Talk.
Les participantes nous ont assuré avoir besoin de ces espaces où elles pourraient s’ouvrir sans tabou et sans jugement sur ce qu’elles vivent et rencontrent comme problème dans la société.
Nous avons donc hâte d’avoir d’autres espaces Girl Talk au Burkina pour écouter et réfléchir avec les filles sur ces problèmes qui nous concernent toutes. Nous espérons également être à la hauteur des attentes et sommes prêtes pour cette nouvelle aventure.
GTF Director, Carine DANHOUAN